
La diffusion des méthodes japonaises en
général et des 5S en particulier fait que tout le monde prétend pratiquer
les 5S. Le terme 5S est passé dans le langage commun des industriels. Et
même si tout le monde ne met pas exactement les mêmes concepts derrière chaque
S, ceci tend à démontrer l’acceptation d’une logique importée – et qui en
pays latins n’était pas assurée de succès ! Reste à savoir
si ce discours est un véritable acte de foi ou une formule à la mode qu’il est
de bon ton de placer ?
La réalité du terrain est souvent loin de l'illusion optimiste des dirigeants et
managers !
La diffusion des 5S se perçoit au travers de trois
indices :
-
Le nombre d’offres d’emploi pour des postes en production
ou support à la production qui comport(ai)ent une mention aux 5S, soit en terme
d’expérience exigée, soit en terme d’objectif de déploiement
-
Le volume des demandes en formation et accompagnement qui
parviennent au cabinet
-
Le succès des stages « standard », en vente sur catalogue
et par extension la richesse de l’offre en matière de formation, de conseil
et le nombre d’organismes et de consultants individuels qui les proposent.
Sur le terrain, parmi ceux qui prétendent faire du 5S, le
bilan est contrasté.
Nombreux sont ceux qui se sont lancés, pleins de bonne
volonté, mais qui n’ont pas été au-delà du 1er S, le tri. Ces opérations tri et débarras sont des vides greniers
souvent spectaculaires, très prisées du management et qui font l’objet d’une
communication soignée.
Le management prête à cette impulsion forte une vertu
motivante et suffisante pour que le reste des 5S se déploie dans la foulée.
Force est de constater que le projet en reste souvent au
premier vide grenier.
MECAFLOP est un équipementier automobile, fournissant des pièces de métal
embouti. Le management conçu un projet de déploiement des 5S. L'histoire m'a été
rapportée par le personnel lors de ma première visite.
La mise en oeuvre des 5S devait se faire un samedi, afin de ne pas gêner la
production.
La première étape du déploiement consistait à nettoyer les machines, à repeindre
les plus délabrées, trier et débarrasser les postes de travail. L'appel aux
volontaires n'ayant quasiment pas trouvé d'écho auprès des opérateurs, ce sont
les chefs et les managers qui ont été réquisitionnés.
Le lundi matin, au retour des équipes, la production n'a pas pu redémarrer. la
plupart des opérateurs cherchant leurs outils ou des pièces introuvables.
Le manque de connaissance de la réalité du terrain et l'échec de l'implication
des opérateurs a fait prendre aux chefs et managers des décisions arbitraires,
ou quand bien même guidées par leur bon sens, finalement maladroites.
© Christian HOHMANN
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