![]() | Lean dans l'automobile
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Dernière mise à jour : 13 février 2010
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Comment et à quelle allure se déploient les principes du Lean Manufacturing dans les pays à bas coûts (LCC ou Low Cost Countries) ? Les retours d'expériences de nos missions opérationnelles (*) et de nos études Lean dans l'industrie automobile nous fournissent des éléments de réponses concernant les pays de l'Europe de l'Est. MigrationLa migration vers l'Est des constructeurs (OEM) et de leurs équipementiers de rang 1 (tier one) a été motivée par des considérations stratégiques d'une part - la conquête de parts sur des marchés à développer - et par des considérations économiques d'autre part, essentiellement des réductions de coût de main d'oeuvre. Déploiement du LeanSur le plan des infrastructures, la plupart des usines ont été construites à partir d'un green field, c'est-à-dire de terrains vacants, sans besoin de transformation d'installations existantes. Ces prémisses sont particulièrement favorables pour penser les infrastructures dans l'esprit Lean, notamment en matière de flux physiques, l'amenée des énergies et fluides, la circulation, l'apport des pièces et matières, l'évacuation des produits finis et des déchets, etc. Contrairement à la vieille Europe où les installations sont souvent anciennes, les changements d'implantations souvent contraints et limités par la place, les coûts ou des contraintes techniques. Le démarrage à partir d'un green field est également avantageux pour installer une culture et des méthodes avec des personnels qui les découvriront et les accepteront comme des règles associées à une (nouvelle) entreprise qu'ils rejoignent. Ainsi, contrairement à la vieille Europe, pas besoin de combattre longuement les résistances aux changements, de laisser aux personnels le temps d'un deuil de leurs (mauvaises) habitudes anciennes, ni de combat d'arrière garde des syndicats. Le déploiement du Lean se fait au rythme de la courbe d'apprentissage, avec un gain de temps appréciable pour passer de l'efficacité à l'efficience ! Les ingénieurs, techniciens et encadrants sont bien formés et déjà matures sur les principes du Lean. Le job hopping (littéralement "saute-boulot", pratique consistant à passer d'un employeur à un autre en fonction du salaire et/ou conditions offertes) rendu possible par la très importante demande de main d'oeuvre, le faible taux de chômage (région de TRNAVA en Tchéquie par exemple) et la concentration des entreprises du secteur automobile, accélère la diffusion des bonnes pratiques et l'accumulation d'expérience. Pour l'expérience technique du métier, soit elle est déjà acquise par les emplois précédents, soit elle s'acquiert auprès des encadrants de l'Ouest envoyés former leurs homologues de l'Est. Mythes et réalitésPenser que le déploiement du Lean dans les pays à bas coûts prend un temps équivalent à celui de
l'apprentissage dans les pays du vieux continent ou aux États-Unis est une dangereuse illusion. Un mythe du même genre prédisait aux dragons asiatiques (Corée, Taiwan) et plus récemment à la Chine, un temps d'apprentissage de la maîtrise de la qualité conséquent, qui maintiendrait les producteurs de l'Ouest à l'abri des pertes de parts de marché, le temps de distancer leurs nouveaux concurrents par l'innovation. Restent les coûts. Si globalement les coûts de main d'œuvre à l'Est restent encore
sensiblement inférieurs à ceux de l'Ouest, c'est de moins en moins vrai pour le haut de la pyramide hiérarchique. Double revers de la médaille pour la vieille Europe ; l'exploitation du différentiel de coûts ne dure qu'un temps somme toute limité, alors que l'émergence de ces nouveaux concurrents se fera sentir durablement. (*) Le cabinet dispose de sa propre filiale en Slovaquie (Bratislava) afin d'accompagner ses grands clients Ouest Européens dans les langues et les cultures locales.
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