La mutation de la maintenance

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Dernière mise à jour : 21 Novembre 2009
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Mutations

Les nouvelles organisations matricielles et transversales réintègrent dans les unités et concentrent sur les individus ce que le taylorisme avait disjoint et cloisonné.

Les succès de la démarche TPM démontrent l’intérêt de recourir à une maintenance préventive et à donner une compétence d’intervention aux équipes productives.

De fait, la maintenance tend à devenir plus opérationnelle que fonctionnelle.
Pour le responsable maintenance et ses personnels les implications sont multiples et profondes.

La justification des services maintenance

Dans la compétition de plus en plus globale et intense, la recherche de la rentabilité pousse les dirigeants à examiner avec attention la contribution de chaque service de l’entreprise à la création de valeur.

Dans un certain nombre de cas, ce genre d’analyse conduit à externaliser des fonctions jugées peu contributrices ou trop éloignées du cœur du métier.
Outre ces considérations "comptables" d’autres évolutions dans la pensée managériale amènent également des changements pour le responsable maintenance.
Les deux colonnes du tableau suivant en sont quelques exemples :

Hier
Aujourd’hui
La panne est inévitable La panne est prévisible
Il faut dépanner vite Il faut éviter la panne
Ressources dupliquées Ressources partagées
Rôle du responsable Maintenance
Décider Imaginer
Chef Coach
Technicien Multi-manager


L’impact sur les équipes de maintenance est immense et nécessite de repenser la fonction

Hier l’agent de maintenance était auréolé du prestige des sauveteurs. On faisait appel à lui lorsque la panne avait eu lieu et qu’on ne savait plus que faire. Son dépannage permettait de reprendre la production.

Les dépannages avaient cependant tendance à prendre un caractère durable, alors qu’ils n’étaient que des mesures provisoires, le plus souvent par faute de temps.

Ce "provisoire qui dure" est un poison à double titre :

  • il ne permet pas une remise en état et le plus souvent entraîne des détériorations plus graves,

  • Les utilisateurs s’adaptent à un fonctionnement imparfait, ce qui outre un danger potentiel auquel ils s’exposent, masque la mesure provisoire et peut la faire oublier.

La croyance à la panne inévitable et la maintenance mal nécessaire peuvent aussi conduire à des attitudes excessives de type "pompier pyromane". Dans cette logique perverse, les agents de maintenance justifient leur raison d’être principalement lors des dépannages. Ainsi, la fiabilité médiocre de certains parcs machines est en fait subtilement "gérée".

Le basculement du dépannage curatif à la maintenance préventive change considérablement l’esprit du métier ainsi que les compétences clés qu’il requiert.


L’esprit du métier et les compétences clés de la nouvelle maintenance

Du rôle prestigieux du dépanneur-sauveteur il faut désormais passer au rôle nettement plus effacé de "préveneur" de pannes. Autrement dit, on cherche à valoriser l’absence de pannes plutôt que leur résolution.

Une caractéristique fondamentale du taylorisme est la stricte séparation des fonctions. La plupart des entreprises conservent cet héritage et persistent à scinder les fonctions d’exécution, de préparation du travail et de support. Ainsi le conducteur de machine ne s’occupe que de produire, le régleur prépare et règle la machine. L’agent de maintenance n’intervient que pour l’entretien et la réparation.

Ces trois fonctions distinctes ont chacune leur organisation, leur hiérarchie et leur mode de fonctionnement. Entre elles, existe une autre hiérarchie - voire une aristocratie – implicite et technique, qui met à son sommet l’homme de maintenance. Ce schéma n’est plus adapté parce que la compétition globale nécessite de la réactivité et que la stricte séparation des tâches conduit exactement à l’inverse.

Afin de gagner en compétitivité, en réactivité et contrer les problèmes de la séparation des tâches, les entreprises tendent à reconsidérer la place de l’homme auprès de la machine. Elles y sont encouragées par les succès des démarches participatives comme la TPM. L’opérateur n’est plus alors considéré comme un simple exécutant, mais comme le facteur discriminant de la performance du couple homme-machine.
Avec une formation et un accompagnement adéquat, ce capteur humain à 5 sens est capable de déceler des signes précurseurs de problèmes et saura même les résoudre sans recours aux services de maintenance dans un certain nombre de cas.

L’implication et l’épanouissement des opérateurs améliorent notoirement la productivité, la réactivité et la résolution de problèmes. La suite logique étant la démarche de progrès permanent.

Ce modèle d’organisation "intégré" se généralisant, il se pose au responsable maintenance la question de la place et de la fonction des agents de maintenance ainsi que de la nature des contributions de son service à la création de valeur.


L’évolution du rôle des agents de maintenance

Avec la diffusion de démarches participatives et intégratives telle que TPM, le rôle des agents de maintenance s’en trouve fortement modifié. On constate deux évolutions majeures : la première tend à les intégrer dans les équipes opérationnelles de production, la seconde à les partager entre un rôle de support expert et de conception-amélioration des équipements.

Outre la perte de repères que peut entraîner le décloisonnement des fonctions, le partage de ressources est un autre élément de déstabilisation potentiel.

L'auteur, Christian HOHMANN, est directeur associé au sein d'un cabinet international.

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