Hoshin Kanri

Texte
Dernière mise à jour : 12 juin 2013
HOME  Portails : 5S   Lean Entreprise Maintenance Management Qualité Stratégie AUTEUR

Concentrer les efforts sur un nombre restreints
d'objectifs essentiels, pour atteindre son but.

Cet article a été déplacé : http://christian.hohmann.free.fr/index.php/lean-entreprise/lean-management/213-hoshin-kanri

Sommaire

  • Préambule
  • Le principe du Hoshin
    • 4 étapes
    • Intégration, coordination, optimisation
  • Mise en route du Hoshin
  • Pièges
  • MBO et HOSHIN quelles différences ?
  • Point de vue de Minh Nguyen
  • Point de vue de César Lailson E.
  • Deming et le MBO
  • Exemples
      compas

      Préambule

      L'étymologie japonaise de Hoshin suggère le reflet métallique de l'aiguille d'une boussole, celle-là même qui doit diriger toutes les unités individuelles vers le but commun.

      Imaginez une armada de galions, par une nuit sans étoiles, menant les conquistadors vers leur objectif. Chaque capitaine est maître du destin de son navire, mais tous pourront atteindre le but, car l'objectif est connu, et (le reflet métallique de) la boussole les aide à garder le cap.

      Hoshin Kanri a été "traduit" par policy deployement, policy management, goal deployement entre autres.
      Certaines sociétés ont conservé le nom japonais, l'abrégeant souvent en HOSHIN.
      "KANRI" siginifie "plan" ou "planning".

      Cette approche méthodique de management du progrès permet :

    • de gérer les changements profonds
    • autorise ruptures et percées.

    Le Hoshin est aussi appelé "management par percées".


    Le principe du Hoshin

    Les objectifs stratégiques définis au plus haut niveau forment le BUT à atteindre, la vision.

    Cette vision doit être partagée par tous, afin que chacun contribue (à son niveau) à la réalisation de ces objectifs, que nous appellerons "supérieurs" par convenance.

    Chaque étage hiérarchique ou fonctionnel définit ses propres objectifs, qui une fois atteints permettront de progresser vers les objectifs supérieurs.

    Ce principe s'applique en cascade jusqu'à la base (diffusion verticale) ou en coordination inter-services (collaboration horizontale) ou encore selon une combinaison des deux.
    Le concept voudrait que si tous les objectifs des niveaux inférieurs sont atteints, l'objectif supérieur est automatiquement atteint, et ainsi de suite.

    A intervalles réguliers et prédéterminés, les progrès sont contrôlés grâce à des indicateurs définis en même temps que les objectifs.
    Chaque niveau rapporte ses progrès au niveau supérieur.
    Les progrès sont évalués et les dérives doivent être corrigées.

    Le processus est évolutif, il suit le principe PDCA (Plan-Do-Check-Action).

    Première étape : ACTION ; les objectifs supérieurs, les axes prioritaires sont définis par les plus hautes autorités (planification stratégique)

    Deuxième étape : PLAN ; chaque division, filiale, section doit proposer ses propres objectifs, définir les moyens et ressources nécessaires, ainsi que les indicateurs qui permettront de suivre les progrès. C'est la phase d'alignement de l'entreprise ou "déploiement d'objectifs".

    Lorsqu'au terme des négociations - il faut le consensus - les propositions des niveaux inférieurs sont finalement validées par le niveau supérieur, on passe à la phase DO.

    Troisième étape : DO ; mettre en oeuvre le plan. Les responsables des divisions, filiales, sections diffusent leur plan à leurs collaborateurs et les actions requises sont intégrées dans les tâches quotidiennes.

    Quatrième étape : CHECK ; revoir et améliorer, vérifier et agir. Le contrôle peut être quotidien ou à intervalle plus important. Ce contrôle n'est pas passif, il implique la réaction à toute dérive.

    Au terme du cycle, généralement annuel, à la clôture de l'exercice par exemple, le point est fait.
    Cela peut se faire sous forme d'audit, de cérémonie, de conférences...

    Les résultats sont analysés, commentés et servent de base à la définition des nouveaux objectifs pour le cycle qui recommence, avec une nouvelle étape ACTION.

    Les trois points clefs du HOSHIN sont :

        1. l'intégration verticale
        2. la coordination horizontale
        3. l'optimisation des unités

  • L'intégration verticale
  • Les objectifs sont "vus" et acquis par tous, que les efforts individuels contribuent à atteindre l'objectif commun. D'où l'image de la vision partagée, ou encore de cette aiguille de boussole indiquant la direction.


  • La coordination horizontale ou transversale
  • C'est la faculté de conduire la démarche de progrès par un travail interdisciplinaire, avec un outil de planification et de contrôle.
    L'horizontalité - ou plutôt la transversalité - est à comprendre comme le raisonnement en processus orientés client. La vision commune et le mode consensuel de la déclinaison des objectifs, combiné à la coordination transversale doit réduire - ou idéalement supprimer - les effets d'interfaces (optimisations locales interférant sur l'optimisation globale, cloisonnement, délais, mauvaises transmissions...).

    Cette approche, lorsque correctement appliquée, permet l'autonomisation et la responsabilisation (empowerment) des opérationnels et la mutation de leur hiérarchie de chefs à facilitateurs et coach.


  • L'optimisation des unités
  • Les objectifs définis puis assignés à chaque unité, en cascade jusqu'à la plus petite, permettent de diriger le progrès vers le BUT.

     

    La démarche, en pratique

    Chaque responsable propose à son niveau supérieur entre cinq et dix objectifs, exprimés en unités ou grandeurs mesurables.
    Ces objectifs doivent être cohérents avec ceux du niveau supérieur.

    Rappelons que la notion de "niveau" n'est pas nécessairement hiérarchique, elle peut désigner des liens purement fonctionnels.

    Les objectifs devraient couvrir les domaines suivants :

    • Améliorations dans le travail courant; efficacité, qualité, coûts....
    • Résolution de problèmes ; problèmes anciens ou récurrents, nouvelles difficultés...
    • Innovations; technique, technologique, management...
    • Développement; personnel ou de l'équipe, formations...

    Lorsque le consensus entre le responsable et le niveau supérieur auquel il rend compte est atteint, ces objectifs sont officialisés par écrit.
    Chaque objectif comporte la déclaration de cet objectif, la manière dont les progrès seront mesurés, évalués et les étapes nécessaires (datées) pour y parvenir.
    Ces objectifs sont communiqués au niveau supérieur et au niveau inférieur.

    Les résultats sont systématiquement contrôlés à intervalles réguliers (au moins par trimestre) et comparés aux objectifs.
    Si les progrès ne sont pas en accord avec le plan, les problèmes doivent être identifiés et des actions correctives engagées.


    Pièges

    La technique du Hoshin s'inscrit dans une politique d'amélioration progressive et constante.
    La durée peut se révéler fatale si on ne prend garde à maintenir le système en vie.

    Le désintérêt apparaît si les périodes d'évaluation et de contrôle sont trop espacées, car les acteurs finiront par ne plus intégrer leurs objectifs dans le travail quotidien, mais s'exciteront pour fournir des éléments juste avant le contrôle (syndrome de fin de mois).

    Autre piège : la facilité

    Les objectifs proposés doivent être à la fois ambitieux et réalistes.

    • Ambitieux pour impulser une dynamique de progrès et ne pas simplement soumettre une description de poste, et soumettre comme objectifs les attributions, responsabilités normales du poste ou de la fonction.

    • Réalistes pour ne pas décourager les acteurs, pour les pousser à la recherche de solutions et non d'excuses pour justifier le manque de progrès.

    Le système comportant une évaluation, les évaluateurs doivent se montrer exigeants, maintenir une attention permanente aux progrès.
    La crédibilité du système dépend essentiellement de l'attention que la "hiérarchie" y porte.
    Face aux exigences de l'autorité, les acteurs doivent eux aussi être exigeants, en matière de retour d'informations, de moyens...

    Si les contrôles deviennent des réunions routinières où l'on pointe avec satisfaction l'accomplissement d'objectifs somme toute mineurs, si de plus on "oublie" de se réunir ou qu'un objectif non atteint n'éveille pas de réaction notable, la démarche n'a plus le sens de dynamique de progrès.

    Même si cela semble une évidence, la durée se chargera d'endormir la vigilance...


    MBO versus HOSHIN

    Selon Minh Nguyen, mingh@college-granby-hy.qc.ca

    A mon avis, la différence entre Hoshin et MBO est fondamentale.

    Hoshin est un processus stratégique ayant des répercussions à tous les niveaux de l'entreprise
    Dans le processus Hoshin, les objectifs sont définis par les plus hautes autorités.
    On assume alors que ces objectifs sont critiques pour se démarquer de la concurrence ou au moins ils aideront, lorsque réalisés, l'entreprise à survivre ou à rester dans la course.
    Les autres niveaux (division, filiale, section) doivent suivre ou peuvent proposer leurs propres objectifs, à condition qu'ils soient "dérivés" de la direction établie.
    Souvent, on ne discute pas. Dans ce processus, les intervenants sont nombreux.

    Le MBO est un processus impliquant seulement deux intervenants :

    le supérieur et son subordonné.

    En Amérique du nord, on utilise cet outil lors de l'évaluation des rendements pour échanger, discuter, négocier et fixer l'objectif de la prochaine période (habituellement dans les 6 ou 12 prochaines mois).

    Par exemple :

    un directeur de production peut fixer deux objectifs avec son ingénieur de maintenance:
    • comprendre et maîtriser les concepts TPM et SMED
    • piloter un projet visant à réduire le temps d'arrêt des équipements de production de X% à Y%,
      délai de réalisation : 6 mois.

    Différences entre MBO et Hoshin Kanri

    La table suivante tente d'expliquer les principales différences, selon mon point de vue, entre MBO et Hoshin Kanri.

    Hoshin Kanri

    MBO

    Principes

    1. Focalise sur les procédures plutôt que sur les objectifs.

    2. Définit très clairement le(s) moyen(s) pour atteindre les objectifs.

    3. Contrôle des moyens et procédures. (possibilité d'améliorer les méthodes de travail)

    1. Focalise sur les objectifs.

    2. Les objectifs sont imposés aux subordonnés, dès lors il est tentant de "contrôler par la pression" ("control by pressure")

    3. Contrôle des objectifs, pas des moyens ni des procédures. (impossible d'améliorer les méthodes de travail)

    Objectifs et Moyens

    Détaille les Objectifs et Moyens.

    Ceci évite d'atteindre les objectifs par des moyens inappropriés ("La fin justifie les moyens").

    Mêmes lorsque les objectifs sont atteints, on ne peut pas identifier les points problématiques.

    Les opportunités d'amélioration sont perdues.

    Consensus

    Planification, définitions, Objectifs et Moyens sont basés sur la communication entre supérieurs (communication horizontale), supérieurs et subordonnés (communication verticale) et entre subordonnés (communication horizontale au niveau inférieur).

    1. Manque de communication entre supérieurs et subordonnés (verticale). Top down management

    2. Manque de communication entre supérieurs (horizontale).

    Le manque de communication horizontale conserve la barrière invisible entre supérieurs (cloisonnement des services).

    Hoshin Kanri peut fonctionner dans l'entreprise, mais il y a un risque de le dégrader en MBO si on analyse pas attentivement (check) et on ne corrige pas (act) les réponses aux questions suivantes :

    • Pour quelle raison y a-t-il des différences entre objectifs et résultats ?
    • Les moyens choisis sont-ils adaptés à l'objectif ?
    • L'environnement (field) change-t-il et s'améliore-t-il (Contrôle visuel) ?
    • Existe-t-il des agréments entre sections (horizontal) pour éviter les obstacles au progrès ?

    S'il n'y a pas de réponses aux questions ci-dessus, cela signifie que l'accent est mis sur les objectifs uniquement, qu'il n'y a pas de Contrôle visuel et qu'il n'y a pas d'analyse pour déterminer les raisons des dérives (manquer les objectifs).

    César Lailson E.
    educaj@infosel.net.mx
    (Traduction Christian HOHMANN)


    Deming opposé au MBO

    W. Edwards Deming, parmi les 14 points qu'il énonce pour conduire le changement du management rejette (entre autres) le Management par les Objectifs (MBO) et particulièrement les objectifs chiffrés.

    Rappelons son contexte : il s'agit de faire moins en quantité mais de meilleur qualité, avec des coûts moindres et une implication de tous les acteurs.

    Selon Deming, tout objectif est atteignable si l'on y consent les moyens nécessaires et le MBO incite à se focaliser sur l'objectif et non pas sur l'amélioration du process.
    Les audits, récompenses et évaluations liés aux résultats "quantitatifs" incitent chaque individu à travailler pour lui-même et non plus pour l'entreprise, ni dans la direction souhaitée par l'entreprise.


    Exemples

    Développement de l'objectif supérieur aux actions locales.

    Objectif de la direction générale du groupe

    Objectifs des divisions

    Objectifs de la direction industrielle

    Objectifs ateliers

     

     

     

     

     

     

     

    Accroître la rentabilité

     

     

     

     

    Production : accroître productivité de x%

    Réduire les arrêts de ligne de y %

     

     

     

    Et

     

     

     

    Réduire les rebuts de z%

    Réduire le temps d'immobilisation à moins de 10 minutes

    Et

    Améliorer le niveau technique des opérateurs

     

     

    Introduction des Poka-Yoké

     

    Analyse Pareto

     

    R&D : développer des produits à marge élevée

    ...

    ...

    Table des objectifs et moyens de contrôle

    Fonction / niveau

    Objectifs supérieurs

    Objectifs

    Valeur cible

    Fréquence de contrôle

    Indicateurs

    Directeur de Division

    Accroître productivité

    Profits

    Année dernière x%, cette année y%

    Mensuelle

    Graphiques

    Directeur d'usine

    Réduire temps d'arrêts lignes

    temps d'arrêts lignes

    Pour chaque ligne, limite h%

    Mensuelle

    Tableau des causes, graphiques

    Chef de service

    Réduire temps de réparation des lignes

    Temps d'intervention, durée de réparation

    Moins de x heures / mois

    hebdomadaire

    Tableau des causes, graphiques

  • Hoshin


    A lire également sur
     HC online
     

  • La stratégie expliquée avec... une balle de golf
  • Le Kaizen ou innovation incrémentale à la japonaise
  • Les basiques du management
  •  

    L'auteur, Christian HOHMANN, est directeur au sein d'un cabinet conseil.

    Contacter l'auteur

     

    On trouve dans le jargon de certaines entreprises des "chantiers Hoshin", qui sont des actions de ré engineering, de redisposition des postes de travail et de leur agencement.

    Ce concept n'est pas développé dans cette page.

     

    La seule démarche d'amélioration permanente ne suffit pas, elle se heurte à la limite des coûts.

    Dans les premiers temps de faibles investissements apportent des résultats importants. Puis il faut dépenser de plus en plus, pour des progrès de plus en plus modestes. La limite est atteinte lorsque les derniers espoirs de gains impliquent un coût déraisonnable.

    La rupture - faire autrement - permet de franchir la limite. C'est pour cette raison que la démarche est appelée management par percée(s).

     

    PDCA

    Si l'image de la roue PDCA traduit bien le processus itératif, il ne faut pas oublier que le mouvement décrit une spirale : une fois un objectif atteint, le suivant devra être plus ambitieux !

     

     

     

    En résumé

    Le Hoshin est un triple outil de communication, planification et contrôle.

    Un des points forts du hoshin kanri est sa capacité à traduire des objectifs qualitatifs, définis au plus haut niveau, en objectifs quantitatifs et plans d'action. Il permet de focaliser de nombreuses ressources sur un nombre restreint d'actions prioritaires.

    Le Hoshin est le plus souvent mis en oeuvre pour la conduite stratégique de percée, ou plus proche du terrain, pour piloter des actions d'amélioration.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    MBO et HOSHIN quelles différences ?

     


    Cette page vous est offerte par ©hristian HOHMANN - http://chohmann.free.fr/