Si l'approche Six Sigma a indiscutablement démontré ses bénéfices,
elle se heurte aussi à des limites pratiques.
Outils statistiques ? Aie !
Rappelons que les outils mis en oeuvre avec Six Sigma sont ceux de la Maitrise Statistique des Procédés
(MSP), réputés déjà connus.
C'est là une hypothèse qui est loin de se vérifier sur le terrain. En effet, si l'on
trouve parmi les managers et les ingénieurs des personnes connaissant ces outils, il faut vérifier si cette connaissance
porte au-delà du simple "déjà entendu" et si la connaissance théorique s'assortie d'une expérience de mise en pratique.
Ensuite, ce n'est pas parce que le sommet de la pyramide hiérarchique connait ces outils que le terrain les met en oeuvre.
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Equipe dédiée ou démarche partagée ?
Devant ce constat, les entreprises qui souhaitent déployer Six Sigma doivent choisir entre :
- l'initiation de masse aux outils statistiques pour partager la connaissance et rendre la démarche participative,
- une équipe de spécialistes dédiés, des experts ès calcul et math.
Si la première solution parait être la plus généreuse et la plus intéressante à terme,
il faut reconnaitre que les calculs statistiques n'ont pas démontré une attractivité extraordinaire auprès des foules.
Qui dans les ateliers, bien après les années scolaires et des souvenirs très contrastés quant aux cours de mathématiques
souhaite spontanément s'y mettre ?
La deuxième solution est celle de la raison, basé sur le constat qu'il vaut mieux disposer d'un petit
groupe opérationnel qui maîtrise les outils et les met en oeuvre de manière routinière que de tenter la conversion
de masse à l'issue incertaine.
Finalement, la voie intermédiaire à laquelle tout le monde pense est celle qui invite à un déploiement
participatif, encadré et soutenu par des experts.
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Microruptures contre amélioration continue
Le problèmes avec les experts dédiés, c'est que les chantiers ne peuvent guère fonctionner sans eux.
Ils sont le plus souvent dépositaires de la méthodologie et leur degré de maîtrise se mesure
à la couleur de leur "ceinture",
Les plus chevronnés étant des "ceintures noires" (Black Belts) ou des "maîtres
ceintures noires" (Master Black Belt). Ceux qui accompagnent les chantiers sont plutôt les "ceintures
vertes" (Green Belts), les simples initiés ayant droit selon les cas à la ceinture blanche ou jaune.
Les chantiers encadrés et tuteurés amènent des sauts de performance, ces sauts étant autant de petites
ruptures, qui se répètent à chaque chantier. Or les sauts s'opposent par leur discontinuité à une démarche également
prisée dans les entreprises ; l'amélioration continue.
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En dehors des chantiers, peu de progrès, peu d'autonomie. Les intersessions sont généralement du temps
que les acteurs du terrain mettent à profit pour récolter des données ou faire avancer des plans d'actions.
La faiblesse de cette approche est de laisser les opérationnels dans un rôle semi passif et de
les laisser constater que les améliorations de performance sont une succession de "coups" d'actions ciblées,
une logique apparente qui risque de collisionner avec celle de l'amélioration continue.
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Le paradoxe des chiffres concrets est de rendre les problèmes abstraits
L'approche Six Sigma est une approche par la mesure et les chiffres. Cette vertueuse caractéristique la
rend particulièrement attractive, mais elle peut causer des dommages collatéraux.
Le premier est d'installer ou renforcer un management par les chiffres (management Excel) par lequel
les hiérarchiques se coupent de la réalité du terrain et ne connaissent leur périmètre qu'au travers des indicateurs,
tableaux de bord et rapports.
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Le second risque est de contaminer les encadrants de proximité, voire les acteurs eux-mêmes à
l'intérêt pour les chiffres et leur analyse plus que par les actions concrètes, de terrain et quotidiennes.
Le troisième est de rendre abstraits des
problèmes de terrain concrets, aux opérateurs notamment.
C'est là un paradoxe, car les chiffres étant concrets par essence ils peuvent rendre les choses abstraites !
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En conclusion
Six Sigma est une démarche structurante et très efficace. Elle ne se déploie toutefois pas comme d'autres
démarches ou méthodes participatives, car mal appréhendée par une partie de la population. En outre elle restitue une
vision du terrain essentiellement à partir de données chiffrées et bien qu'apportant des améliorations et progrès
conséquents, ceux-ci s'obtiennent plus par des ruptures en travaux dirigés qu’en amélioration continue et autonome.

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Six Sigma est une méthode d’amélioration de la qualité et de la profitabilité basée sur la
maîtrise statistique des procédés.
On peut évoquer une approche philosophique dans la manière de les diffuser et les appliquer.
Six Sigma introduit un changement de culture par la recherche de réduction de la variabilité à tous les
niveaux.
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L'auteur, Christian HOHMANN, est
directeur au sein d'un cabinet conseil.

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A lire, un article de l'auteur "Facteur humain, facteur de succès", paru dans la revue "Personnel"

Rendre abstraits des problèmes de terrain concrets
Se focaliser sur la collecte de données et leur analyse, leur signification
statistique plutôt que d'aller constater les dysfonctionnements sur le terrain, les analyser dans le contexte.
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