Limites du modèle de quantité économique
Le modèle basé sur la quantité économique semble séduisant, mais il présente
quelques faiblesses et même des effets pervers. Tour d'horizon.
Le premier postulat du modèle est que la demande client est constante dans le temps. Or le plus
généralement cette demande fluctue. Les marchés semblent d'ailleurs devenir de plus en plus imprévisibles.
Ensuite, les critères d'optimisation dépendent grandement de la manière avec laquelle sont valorisés les stocks et les
coûts de lancement. Ces coûts procédant d'estimations et d'hypothèses simplificatrices peuvent varier
considérablement selon la méthode employée ou la personne qui les établit.
Par ailleurs, la généralisation des échanges de données électroniques, de l'intégration des fournisseurs dans la
chaine logistique (informatique) des entreprises et le développement du commerce électronique transforme, réduit, voire
annule les coûts de passation de commande.
Il faudrait théoriquement intégrer les coûts indirect de lancement, tels que les coûts
d'information, de création d'OF, de badgeage...). Les coûts et gains liés aux opportunités ou de la perte de
chiffre d'affaires sont ignorés.
La taille du lot (cas d'un lancement en fabrication) n'est pas optimisée en fonction de la demande
client, ce qui implique que cette approche est égocentrique, la décision se basant sur une optimisation interne, sans
lien avec la réalité de la demande. En soi, cette approche est choquante dans l'esprit Lean.
Le raisonnement sur la quantité économique justifie ses propres hypothèses et sclérose la recherche
d'amélioration. Basiquement : "Puisque nous avons trouvé l'optimum, il n'y a pas de meilleure solution".
Ceci est un effet pervers potentiel.
Le recours aux lancements de fabrication économiques est anti-flexible par essence. Ce genre de
politique amène fréquemment des encours importants, risque de gonfler le stock de produits
finis, (voir Muri) reportant les coûts et pertes en aval du process.
Dans la pratique on ne peut commander exactement la quantité optimale Qe,
notamment du fait des unités d'achats imposées par les fournisseurs (quantités minimales,
conditionnements, etc.). Il est donc plus judicieux de s'intéresser à la "zone
économique", constituée par la partie inférieure - le ventre- de la courbe des
coûts totaux. Cette courbe ressemble à un "U" très ouvert, ce qui implique que s'il faut s'écarter de
l'optimum pour des raisons techniques, de conditionnement, de minimum de commande ou de matière première,
pour un coût donné, il existe deux solutions (tailles de lots) qui peuvent être très différentes.
Dans ce cas, laquelle choisir ?