La gestion de stocks

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Dernière mise à jour : 18 Janvier 2010
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Quelle que soit l'activité de l'entreprise, sa taille et son organisation, les stocks existent.
Le "zéro stocks" reste une vue de l'esprit et un abus de langage. Si les stocks sont souvent sources de problèmes et de dépenses, ils n'en restent pas moins indispensables.
La compétitivité de l'entreprise peut être particulièrement affectée par sa gestion des stocks, raison suffisante pour y porter une grande attention.

Sommaire

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Techniques productivité

Stocker

Stocker, c'est engager des dépenses pour acquérir des biens qui ne produiront des revenus qu'ultérieurement. Selon ce que l'on stocke, en quelle quantité et suivant la durée, ces dépenses peuvent s'avérer conséquentes.

    Il est évident que dans une menuiserie, il est facilement acceptable de stocker de grandes quantités de clous, dont l'utilisation est importante, fréquente et le coût faible. Par contre, stocker des planches en chêne, en hêtre et autres essences entraîne, outre le prix d'achat du bois, des dépenses pour le stocker à l'abri, des dépenses de manutention, d'assurance, etc.

Hiérarchie des produits

Il existe une hiérarchie des produits nécessaires à l'activité, une classification en fonction de leur prix, des quantités utilisées, de leur fréquence d'utilisation, des quantités minimales d'achat, des délais, etc.

Une classification commode est la classification ABC, basée sur le principe de la loi des 20/80 de Pareto.

Par exemple ;

  • Classe A : produits très chers, rares, délais longs…
  • Classe B : produits moyennement chers, disponibilité aléatoire sur le marché…
  • Classe C : produits courants, peu chers

Il est clair qu'en fonction de sa classe, chaque produit aura un mode de gestion spécifique.

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Politique de réapprovisionnement

Définir une politique de réapprovisionnement consiste essentiellement à répondre à trois questions :

  • QUOI(quel produit) faut-il réapprovisionner ?
  • QUAND faut-il réapprovisionner ?
  • COMBIEN faut-il réapprovisionner ?

En fonction du QUOI ?, les choix suivants se présentent :

  • Date ou quantité FIXE.
  • Date ou quantité VARIABLE.

Suivant les combinaisons des réponses, il est donc possible de définir quatre politiques de base pour réapprovisionnement du stock. Chaque politique est adaptée à un produit ou à une catégorie de produits. Cela conduit fréquemment à l'utilisation de plusieurs politiques, voire les quatre politiques simultanément.

La difficulté pour le gestionnaire consiste à choisir la meilleure politique adaptée à chaque produit, afin d'éviter les ruptures de stock et les immobilisations financières importantes.

Ce double objectif, apparemment contradictoire, fait constamment appel à l'arbitrage et au compromis, il faudra sans cesse minimiser ou maximiser un paramètre soumis à plusieurs contraintes, par exemple : minimiser la quantité stockée sous contrainte de non-rupture de stock ET en achetant des quantités de manière économique.

Quatre politiques

Réapprovisionnement à Date et Quantité fixes

Dite aussi méthode "calendaire", les livraisons de pièces se font à dates fixes. Les quantités livrées sont égales et peuvent se rapprocher de la "quantité économique" ou correspondre à une livraison partielle d'un contrat annuel.

        Méthode appliquée à des produits :

        • dont la consommation est régulière (fig)
        • de faible valeur
        • de classe C

AVANTAGES :

  • Simplicité de la gestion des stocks
  • Gains d'échelle négociables par les acheteurs

INCONVENIENTS :

  • Si la quantité de réapprovisionnement est mal calculée ou si la consommation n'est pas régulière, il y a risque "d'inflation" ou de rupture de stock.
  • Les livraisons urgentes ou hors contrat, peuvent être très coûteuses (recours au fret aérien, lancement spécial chez le fournisseur…)


Réapprovisionnement à Date fixe et Quantité variable

Egalement appelée méthode de recomplètement,pour chaque produit un niveau optimum de stock est défini. A période fixe, le magasinier analyse son stock et commande la quantité permettant de recompléter au niveau requis.

Cette méthode s'applique à des produits :

  • dont la consommation est régulière,
  • coûteux, périssables ou encombrants.

Il est possible de faire des périodes d'inventaire ou d'analyse, différentes suivant les catégories de produits.

AVANTAGES :

  • Gestion des stocks simple.
  • Immobilisation financière faible ou maîtrisée.

INCONVENIENTS :

  • Possibilité de rupture de stock.


Réapprovisionnement à Date variable et Quantité fixe

Plus connue sous le nom de méthode du point de commande, celle-ci consiste à définir, dans un concept de flux tiré et de juste à temps, le niveau de stock qui déclenche l'ordre d'achat, de façon à être livré juste au moment de l'utilisation de la dernière pièce.

Méthode en détail

Ce niveau de stock (point de commande) doit permettre de satisfaire les besoins durant le délai allant de la date de déclenchement de commande à la date de livraison.
Le point de commande s'appelle également seuil de commande ou seuil de réapprovisionnement.
Cette technique est utilisée essentiellement pour les articles de classe A car elle demande un suivi permanent des stocks entraînant un coût de gestion élevé.


Notons que la méthode kanban est une forme d'approvisionnement à point de commande.

AVANTAGES :

  • Permet d'éviter les ruptures de stocks.
  • Adapté à une consommation partiellement irrégulière.

INCONVENIENTS :

  • Impose un suivi permanent des stocks pouvant entraîner des administratifs importants.
  • Peut encourager à faire des stocks de sécurité.

La méthode du point de commande est détaillée dans une fiche spécifique.


Réapprovisionnement à Date et Quantité variables

Cette méthode est principalement utilisée pour les articles de classe A dont les prix de revient varient fortement ou dont la disponibilité n'est pas permanente. Exemple : Métaux précieux , bois exotiques...

L'achat se fait sur estimation en fonction des opportunités du marché. Dans les estimations, il faudra prévoir les besoins pour les commandes spécifiques, les fabrications de l'entreprise, les aléas de fabrication...

AVANTAGES :

  • Permet, éventuellement, de profiter de tarif très intéressant.

INCONVENIENTS :

  • Il faut faire un suivi permanent des coûts du marché pour effectuer les achats les plus intéressants.
  • Il ne peut être utilisé que pour un nombre réduit d'article sinon l'entreprise risque de se fragiliser,
  • Il peut favoriser la spéculation.


Résumé

Le tableau ci-dessous résume les quatre politiques possibles en fonction des paramètres date et quantité.

Combinaisons de politiques

Date Fixe

Date Variable

Quantité Fixe

Approvisionnements "automatiques"

Point de commande

Quantité Variable

méthode de recomplètement

Achats opportunistes

En fonction des coûts d'achats, la difficulté d'approvisionner, les délais, etc. relatifs à chaque référence, à chaque produit, on choisira la politique la plus appropriée.


Aspects comptables des stocks

(Plan comptable général français)

Compta générale

Les stocks (matières premières, en-cours, produits finis) figurent à l'actif du bilan, ce qui signifie que les stocks "enrichissent" l'entreprise. Cette vision est quelque peu perverse, dans la mesure où l'entreprise ne peut "s'enrichir" que lorsqu'elle vend ses biens et non lorsqu'elle les stocke.

Or, le stockage coûte et le risque de ne pouvoir vendre des stocks importants existe (obsolescence, dégradation des produits, chute des cours…)

Evaluation des stocks

La règle générale en matière de stock est l'évaluation à leur date d'entrée ;

  • au coût d'acquisition pour les biens acquis,
  • au coût de production pour les produits finis et en-cours

Or, sans détailler les mécanismes de calcul, retenons que la valeur d'un stock n'est toujours qu'une valeur approchée, inexacte, du fait des mécanismes d'évaluation.


Compta analytique

La comptabilité analytique est un outil de gestion ne subissant pas le formalisme officiel de la comptabilité générale.
En matière de stocks, elle épaule la compta générale, en fournissant les notions de coûts ; coûts d'achat, d'acquisition, coûts de stockage, coûts de fabrication, etc.

Notion de coûts

A chaque fois qu'une commande d'achat ou un ordre de fabrication est lancé, cela coûte de l'argent à l'entreprise. Il faut en effet penser aux dépenses indirectes induites par ces opérations.

Exemple ; L'entreprise HC-Industries lance une commande pour l'achat de deux tonnes de Murphium.

Le prix d'achat de ces deux tonnes, transport compris, est de 10.000 unités monétaires. Mais le fait même d'avoir passé commande coûte en interne à HC-Industries 250 unités monétaires par tonne, soit 500 unités monétaires.

Le coût total des deux tonnes de Murphium est donc de 10.500. (10.000 payé au fournisseur, 500 en interne)

Le coût d'achat n'est donc pas égal au prix d'achat !

La comptabilité analytique fournit les coûts, à l'aide de règles de répartition des "frais" indirects.

Le coût de possession du stock : il est constitué des charges liées au stockage physique mais également de la non rémunération des capitaux immobilisés dans le stock (voire du coût des capitaux empruntés pour financer le stock). Pour cette dernière raison, ce coût est considéré comme étant proportionnel à la valeur du stock moyen et à la durée de détention de ce stock.

Ainsi pourrait-on définir que compte tenu des dépenses de bâtiment, assurances, gardiennage, chauffage, les frais financiers, etc. chaque tonne de produit stocké coûte 132 unités monétaires par mois, ou 15 unités monétaires pour chaque mètre cube occupé… en fonction de la clé de répartition retenue.

Ces répartitions suivent des règles internes qui se veulent aussi "judicieuses" que possible, mais ne seront encore que des valeurs approchées.


Conclusion

La vision comptable suit ses propres règles. Un responsable financier pourrait infléchir une décision stratégique de l'entreprise en fonction de cette vision comptable, éventuellement opposée à celle d'un responsable de production ou d'un responsable commercial. La décision finale appartient logiquement au chef d'entreprise.

Le gestionnaire des stocks se trouve confronté sans cesse à des choix délicats, des arbitrages.

Il doit satisfaire les besoins des commerciaux, de la production, tout en gardant l'ensemble des dépenses dans des limites, qui concurrence aidant, s'abaissent sans cesse.


Sujet connexe ; Lot économique et formule de Wilson


Bibliographie

  • JAVEL Georges,"l'organisation et la gestion de production", Masson, Paris, 1993,305p
  • Boyer, Poirée et Salin "Précis d'organisation et de gestion de la production", Editions d'organisation, Paris, 1988, 608p
  • "Contrôle de gestion, Analyse financière, comptabilité des sociétés", Hachette Educations, Paris, 1999, 255p
  • "Mémento comptable", Editions Francis Lefebvre, Paris, 1999, 1530p
  • "Comptabilité Analytique et contrôle de gestion", Christiane et Christian Raulet, Dunod, 1994, 146p

 

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