La juste qualite
En faire ni trop, ni trop peu

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Dernière mise à jour : décembre 2014
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Triptyque QCD : Qualité, Coûts, Délais

La maîtrise des coûts est fondamentale dans un environnement de plus en plus concurrentiel et dont les marges de profit sont de plus en plus minces. La qualité fait désormais partie des exigences basiques de la clientèle, et ne peut même plus constituer d'argument marketing tant elle est comprise comme un dû.

La qualité joue, par contre, immédiatement en défaveur de celui qui ne la maîtrise pas. Les délais (brefs) sont la troisième attente de la clientèle. Celle-ci, devant l'abondance de l'offre, a en quelques années réussi à édicter en lois fondamentales ce qui ne lui était encore offert auparavant qu'en avantage concurrentiel.


L’importance de la qualité

La notion de Qualité est subjective, sa perception varie en fonction des individus, du temps et de l’espace. Les éléments tangibles de la qualité n’apparaîssent en général que lors de son absence.

La norme ISO 8402 en donne la définition suivante : Ensemble des caractéristiques d'une entité qui lui confèrent l'aptitude à satisfaire des besoins exprimés et implicites.

Autrement dit, une part des attentes, des besoins des clients est exprimée, identifiée, mais il existe une part de besoins ou attentes qui restent non exprimés. Soit le client n’est pas capable d’exprimer ses besoins, ou il ne juge pas nécessaire de les préciser tant ils lui paraissent évidents (besoins implicites) ou il n’a pas même conscience de ses besoins. Or, c’est la réponse à l’ensemble de ses besoins qui donnera au client sa perception, son jugement de la qualité.

La difficulté du producteur de biens ou de services, va être d’identifier l’ensemble des besoins, y compris les attentes non exprimées qu’il lui faut deviner, et proposer à ses clients des biens ou services qui y répondent.

N’en fait-il pas assez ; la perception de la qualité sera insuffisante. En fait-il trop ; ses produits seront trop chers. Dans les deux cas il risque fort de ne pas intéresser ses clients !

qualite L'offre du fournisseur essaie de rencontrer les besoins du client. Si les besoins sont mal identifiés, l'offre du fournisseur n'y répondra que partiellement (zone de Qualité Q).

Les différents clients ayant des besoins légèrement différents, le fournisseur essaie de trouver une solution globale, or la zone Q aura tendance à se réduire.

Indispensable Qualité

La notion de qualité peut être associée à la sûreté ou la sécurité. Dans des domaines sensibles tels l’industrie nucléaire, l’aviation, le spatial, la qualité est comprise comme un gage de sécurité.
Dans l’armement, c’est la fiabilité qui est recherchée à travers la qualité des différents composants d’un système d’arme. Dans ces domaines particuliers le besoin de qualité apparaît comme une évidence.

Or dans notre quotidien de consommateur, la qualité est aussi devenue, au fil du temps, une caractéristique indispensable des biens ou services que nous consommons. (voir l'histoire de l'industrie et du client).
Parce que nous baignons en permanence dans un discours pro-qualité, dans les publicités, au travail, lors de nos transactions…nous avons progressivement acquis une sensibilité à la qualité. Fondamentalement, tout le monde veut de la qualité, mais cette demande peut être modulée suivant les circonstances ; ainsi pour un usage particulier nous pouvons accepter ou décidons d’acheter des biens ou services de moindre qualité.

qualite

La qualité est devenue indispensable aux producteurs avant de l’être pour les consommateurs.
Dans la course à la compétitivité, à la productivité, au rendement, les fabricants se sont vite aperçus que la maîtrise de la qualité constitue un gisement important d’amélioration.

La qualité ne peut se chiffrer qu’au coût de la non-qualité ; les rebuts constituent un gaspillage de matière, de temps, de ressources pour les traiter, etc…

    Fabriquer une unité mauvaise coûte plus du double d’une unité bonne, puisque si elle est définitivement rebutée, il faut en fabriquer une autre en remplacement, et rattraper le temps perdu pour le faire. 

La non-qualité coûte d’autant plus chère qu’elle est détectée tardivement. Au pire, c’est une réclamation client qui révèle le manque de qualité. Les conséquences peuvent être très diverses, mais probablement toujours au détriment du fournisseur ; refus et renvoi du lot, pénalités, annulation des commandes… D’où l’intérêt de maîtriser la qualité le plus en amont possible. Certaines méthodes (AMDEC, Taguchi) permettent même d’intégrer la qualité dès la conception.

Sous prétexte de qualité, on ne peut toutefois pas faire n’importe quoi; car si la non-qualité pèse sur les coûts, la qualité elle aussi coûte ! Pour cela aussi, il est important de bien identifier les besoins du client et ne pas en faire trop, la sur-qualité coûtant plus cher que le client n’est disposé à payer.

La qualité ne pèse pas que sur les coûts, elle influence également les délais. A la recherche de gain de productivité, il est indispensable de s’assurer du niveau de maîtrise de la qualité, car le paradoxe de ce genre de négligence serait de fabriquer plus efficacement des produits…défectueux !

Ainsi pouvons nous reboucler sur la triple loi du QCD et voir que les trois impératifs s’interpénètrent totalement ; L'acheteur ne peut ignorer les spécifications qualitatives, le responsable de production ignorer les engagements du service commercial et le service qualité mépriser les objectifs de coûts…

La qualité ne doit pas être le but d’un perfectionnisme inutile. Si elle est indiscutablement nécessaire, il faut qu’elle soit dosée, que ce soit une juste qualité.

Parce que dans les organisations les voies d’améliorations sont quasi infinies, il est indispensable de bien choisir sur quoi l’effort sera porté et le doser correctement.

 

Les décalages entre demande du marché, l'identification par le marketing, les spécifications des bureaux d'étude et le produit final existent fréquemment. Ils sont souvent illustrés de façon humoristique mais cruellement réaliste;
le client aimerait un décapsuleur de poche, le marketing identifie un besoin en technologie d'ouverture de flacons, les concepteurs imaginent un outil multifonction et le fabricant livre un robot multi-outils.

Dans cet exemple au trait volontairement forcé, le besoin du client est mal identifié et le marketing, les concepteurs, emportés par leur enthousiasme proposent une solution tout à fait décalée (zone d'illusion). Si de plus le fabricant ne sait pas répondre au cahier des charges, cela devient une double illusion. Le client reste insatisfait.

Dicter des spécifications au-delà de l'attente du client est un risque certain de surqualité, de coûts inutiles.

Le non-respect des spécifications peu conduire à des défauts systématiques ou à une qualité aléatoire, par exemple l'emploi d'un matériau différent que celui spécifié parce que moins cher.

Hit-Parade

Mise en place d'un système qualité, démarche traditionnelle

    Première étape : le contrôle

    La première étape dans une démarche traditionnelle de mise en place d’un système qualité est l’instauration de contrôles. On définit pour cela un objectif et des limites d’acceptation. Le Contrôle est la comparaison entre ce qui est réellement et l'état idéal, l’objectif à atteindre.

    Mais la qualité a son coût : contrôles, tests, mesures, analyses... Ces opérations ne confèrent aucune valeur ajoutée au produit, mais fournissent une assurance quant à sa qualité.
    Pour réduire ce coût, des méthodes statistiques ont été développées ; plutôt que de tester chaque pièce, on en contrôle que quelques-unes unes, par échantillonnage. Un barème indique que le lot entier est acceptable ou refusé en fonction des résultats des tests sur les échantillons. C’est le NQA, Niveau de Qualité Acceptable.

    Or le contrôle statistique implique un compromis : on définit un Niveau de Qualité Acceptable (NQA), ce qui revient à définir un Niveau de Défauts Acceptable, incompatible avec l’idéal : zéro défaut.

    Rappelons qu’une entreprise idéale c’est : zéro accident, zéro défaut, zéro arrêt

    Le corollaire de la méthode statistique introduit une notion un peu perverse qui est l’acceptation d’un niveau de non qualité. En effet, les échantillons sont censés être représentatifs du lot entier, et s’ils présentent des défauts mais que la pondération de ces défauts reste dans les limites du NQA, on jugera comme bon un lot qui ne l’est pas tant que ca...

    Deuxième étape : la maîtrise de la qualité

    Filtrer la production et retenir les mauvaises pièces pour prétendre maîtriser la qualité ne suffit pas, car la Qualité ne naît pas du contrôle, mais au moment de la fabrication.

    Il est évident qu’il coûte moins cher de faire bien du premier coup.

    Le contrôle idéal serait un contrôle à 100% peu coûteux. On peut penser à :

    • Contrôles successifs, où chaque opératrice contrôle le travail effectué par celle qui précède (dans un process linéaire), inconvénient : manque d’objectivité au contrôle
    • Auto contrôle, avantage : feed-back immédiat, inconvénients : tolérance envers soi-même, erreur inconsciente
    • Poka-Yoké (dispositif anti-erreur) par contact pour test de présence, comptage pour contrôle de quantité et ponctuation pour le respect de l’ordre (séquence)
    • Contrôle préventif : chercher la source des problèmes.

    La maîtrise de la qualité maintient les contrôles tout en tendant à substituer les actions préventives aux actions correctives. Ce raisonnement pousse à suivre de manière statistique non plus le produit mais le process, c’est le SPC Statistical Process Control. Celui-ci utilise des cartes de contrôle, ou méthodes similaires pour vérifier les dérives, incidents ou fluctuations dans un process.

    La maîtrise de la qualité suppose aussi la maîtrise des 5M, à savoir :

    • Main d’œuvre : formation et qualification adéquate des intervenants
    • Machines ou Moyens : qualité des équipements de production et de contrôle
    • Méthodes ou Modes Opératoires : standardisation et répétabilité, respect des spécifications…
    • Milieu : environnement de travail adapté, propre, ordonné (5S)...
    • Matériaux : s’assurer de la qualité des approvisionnements et de la sous-traitance

    Un système de surveillance s’assure de la pérennité de cette maîtrise, au sein d’une organisation cohérente.

    Troisième étape : l’assurance qualité

    L’assurance qualité doit donner confiance aux clients. Elle démontre la maîtrise des 5M et en apporte les preuves. En gros on écrit ce que l’on fait, on fait ce qui est écrit et l’on vérifie que ce qui est écrit est fait. L’aboutissement de l’assurance qualité est la certification, qui est la reconnaissance externe du système qualité, jugé conforme à un référentiel, par exemple ISO9000, qualifications propres à certaines industries...

    Quatrième étape : la gestion de la qualité

    Englobant les étapes précédentes, la gestion de la qualité introduit la dimension économique, on y gère les coûts de la non-qualité, optimise ces coûts et poursuit des objectifs financiers.

    Cinquième étape : la qualité totale

    Toujours en englobant les étapes précédentes, la qualité totale établit des relations client-fournisseur et des partenariats internes et externes.

Sommaire

 

Christian HOHMANN, auteur

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Guide pratique des 5S
par l'auteur de ce site, aux Editions d'organisation.

Guide pratique des 5S

Pédagogique et opérationnel, ponctué de nombreuses anecdotes, l’ouvrage fournit des exemples concrets et des illustrations pour différents secteurs d’activités. Il invite le lecteur à s’intéresser également aux exemples qui ne relèvent pas de son secteur d’activité, pour y puiser des idées à transposer dans le sien.

 

 

L'audit combiné
Qualité/Supply Chain
par l'auteur de ce site, aux Editions d'organisation.

 

Plan Do Check Act

Le management de la qualité, à quelque étape qu’en soit le système, repose sur des cycles dynamiques PDCA :

La Planification précède la mise en oeuvre (Do). Le Contrôle des résultats, l’analyse des résultats amène des conclusions, qui vont décider d'une Action, c'est à dire le choix d'un nouvel objectif, d'une stratégie, etc... On planifie la nouvelle phase et ainsi de suite.

La mise en place d’un contrôle qualité se calque sur ce modèle :
Recueil de données => analyse et décision => contre-mesures => Recueil de données => ...

En savoir plus

 

Les 7 outils de l’analyse qualité

Sept outils simples sont à la base de l’analyse qualité.

 

Quoi ?

Pourquoi ?

1 Graphiques Visualiser les phénomènes, faciliter la compréhension, communiquer facilement
2 Feuilles de contrôle (check-list) Ne rien oublier, observer et vérifier
3 diagramme de Pareto Dégager des points importants, aide à la décision
4 diagramme causes - effet chercher et cerner l’ensemble des causes pouvant produire un certain effet
5 graphique de dispersion Vérifier la corrélation entre deux grandeurs, la linéarité
6Histogramme connaître la répartition statistique, comprendre un phénomène
7Graphique de contrôle en continu Surveiller en permanence les dérives éventuelles

 

 

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